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Covid-19, une opportunité pour le climat ?

La crise sanitaire que nous vivons, malgré les bouleversements qu’elle apporte, s’accompagne une accalmie en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique. Quelle est l’ampleur de cette accalmie ? Pourrait-elle être le début d’un renouveau pour l’environnement ?

Une trêve environnementale, au niveau des ambitions du GIEC

Depuis plusieurs mois, l’économie mondiale tourne au ralenti. Notre économie s’appuyant essentiellement sur des énergies carbonées (charbon, pétrole, gaz), les émissions de gaz carboniques sont aussi en retrait. Citons notamment :

  • Les transports (19% des émissions CO2) qui ont chuté drastiquement avec le confinement. Les données collectées par Waze permettent de constater que le nombre de trajets a chuté récemment de 60 % à travers le monde et de 83 % en France
  • La production industrielle (23% des émissions CO2) qui est sensiblement paralysée, en dehors des domaines alimentaire et sanitaires.

Les bénéfices environnementaux de la baisse des activités humaines ne s’arrêtent pas là :

  • La qualité de l’air s’améliore. Selon l’association Airparif, on noterait une amélioration de 20 à 30 % sur la semaine du 16 au 20 mars en région parisienne
  • La biodiversité se redéveloppe dans certaines régions confinées. Avec l’exemple de Venise, où l’eau retrouve sa clarté et la faune refait son apparition

L’ampleur de cette trêve environnementale n’est pas anodine. La baisse des émissions CO2 en France pourrait atteindre les 5% en 2020, si elle suit les premières estimations de baisse de PIB. Le GIEC (la référence internationale en termes de climat) proposait il y a deux ans un objectif annuel du même niveau, jusqu’à 2050, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Ces objectifs semblaient irréalistes et utopiques – le GIEC demandait une décroissance, dans un monde où les émissions étaient en croissance depuis 10 ans.

2020 pourrait donc être la toute première année, en ligne avec un réchauffement planétaire maîtrisé à +1,5°C.

Alors que de nouveaux cas quotidiens de COVID-19 ont atteint leur apogée en Chine, la pollution de l’air a chuté.
Concentrations de dioxyde d’azote en surface dans le nord de l’Italie, 31 janvier par rapport au 15 mars 2020.

Un très probable effet rebond

L’année 2020 pourrait être une année de trêve, qu’en est-il des suivantes ? Sans effort particulier, il est fort probable que les émissions repartent de plus belle. D’une part, la relance de l’économie s’accompagnera du retour de la pollution atmosphérique. « Le climat a besoin d’une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre, pas d’une année blanche » explique François Gemenne, membre du GIEC. D’autre part, l’urgence de la relance risque d’être un prétexte pour mettre de côté la lutte contre le changement climatique. L’administration Trump suspend les exigences environnementales sur les entreprises pendant que plusieurs pays en Europe demandent l’abandon du Green New Deal.

Sans action volontariste, les gains de 2020 seront malheureusement noyés dans les pertes des années suivantes.

Une opportunité à saisir pour le climat, à l’échelle collective et individuelle ?

La maîtrise du réchauffement climatique et de l’impact environnemental se fait à deux échelles : le collectif et l’individuel. Le collectif, principalement guidé par l’Etat, avec une transition vers une production électrique sans carbone ou encore des normes d’émissions plus basses pour l’automobile et l’aviation par exemple. L’individuel, avec une transition vers une alimentation moins carnée, une diminution des courts déplacements en voiture ou encore la rénovation thermique de son habitat.

A ces deux échelles, la période actuelle doit être une occasion à saisir. Le Haut Conseil pour le Climat appelle a demander des contreparties environnementales précises aux aides apportées aux acteurs privés, notamment vis-à-vis de l’aviation. Pour une « relance verte et pas grise », et éviter l’effet rebond. De plus, la coopération internationale qui a permis de s’unir face cette crise sanitaire, prouve aussi que les Etats sont prêts à coopérer quand les enjeux sont élevés. Au niveau individuel cette crise nous rappelle aussi la vulnérabilité de notre espèce et peut nous apporter, nous l’espérons, une prise de conscience qui nous fera changer nos habitudes.

Il y a un an, nous nous sommes donnés comme mission de démocratiser la viande végétale, l’alimentation étant à l’échelle individuelle le premier levier de réduction de notre empreinte environnementale (25%). Depuis le début du confinement, avec HappyVore, nous avons économisé 50 000 kg de CO2, soit l’équivalent du travail de 10 000 arbres sur la même période.

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